Infos

La désinformation sur le climat : plongée au cœur d’un sabotage global orchestré

Le changement climatique est l’un des défis les plus pressants de notre époque, mais une démarche systématique de désinformation menace les efforts pour y faire face. Ce phénomène, décrit dans le rapport SR2025.1 du Panel international sur l’environnement informationnel (IPIE), révèle comment une vaste opération de manipulation entrave les progrès vers la résolution de cette crise. De la désinformation orchestrée par des entreprises aux stratégies numériques ciblées, explorons les mécanismes complexes qui alimentent ce sabotage global.

Un constat alarmant : la désinformation climatique comme stratégie délibérée

Le rapport de l’IPIE, publié le 19 juin 2025, met en lumière une réalité troublante : la déstabilisation des discours sur le climat n’est pas le fruit du hasard. Ce document s’appuie sur une analyse approfondie de plus de 300 études menées entre 2015 et 2025, révélant une campagne structurée visant à manipuler la perception du dérèglement climatique. Loin d’être confinée à quelques individus, cette désinformation s’étend sur une échelle mondiale.

Plutôt que de contester les faits scientifiques eux-mêmes, la désinformation cible principalement les solutions. Des allégations sans fondement, telles que l’idée que les énergies renouvelables causent des catastrophes, émergent régulièrement. Cela témoigne d’une évolution dans les narratives de désinformation, qui deviennent de plus en plus sophistiquées et adaptées aux contextes locaux.

Les acteurs de la désinformation : une constellation bien identifiée

Derrière la désinformation climatique se situe un ensemble d’acteurs économiques et politiques bien identifiés. Les grandes entreprises des énergies fossiles, telles que TotalEnergies et ExxonMobil, sont souvent à l’avant-garde de ces campagnes, combinant différentes techniques de greenwashing et de lobbying discret. Cette « double tromperie » leur permet de donner une image responsable tout en continuant leurs activités polluantes.

En parallèle, des partis politiques, souvent conservateurs ou populistes, comme Donald Trump aux États-Unis ou le Rassemblement national en France, alimentent ce climat de doute vis-à-vis de la science. Par leur discours, ils renforcent la méfiance envers les spécialistes et favorisent des narrations trompeuses qui minimisent l’urgence de la situation climatique.

Les canaux de communication : un écosystème numérique toxique

La désinformation ne se limite pas aux discours politiques ou aux campagnes des entreprises, elle utilise également tous les canaux modernes d’information. Les médias traditionnels, bien que parfois critiques, ne sont pas à l’abri de ces manipulations. En revanche, ce sont les plateformes numériques qui témoignent d’une escalade préoccupante dans la diffusion de messages climatosceptiques.

Selon le rapport de l’IPIE, jusqu’à 25 % des contributions sur les réseaux sociaux concernant la désinformation climatique proviennent de bots automatisés. Ces comptes amplifient et relaient des messages visant à soit discréditer la science, soit propager des théories du complot, perturbant ainsi les débats intellectuels sur le climat.

De l’urgence d’agir : des solutions réalisables pour contrer la désinformation

Face à cette menace, plusieurs solutions peuvent être envisagées pour restaurer la vérité sur le climat. Le rapport recommande de légiférer en imposant des standards de transparence dans les communications des entreprises des énergies fossiles. De telles mesures pourraient contraindre ces acteurs à rendre des comptes sur leurs déclarations et leurs pratiques.

Parallèlement, il est essentiel de judiciariser les auteurs de campagnes mensongères. Aux États-Unis, plusieurs actions en justice sont déjà en cours, visant à tenir responsables ceux qui propagent sciemment la désinformation. L’éducation demeure également un pilier fondamental, avec un besoin croissant de renforcer l’enseignement scientifique et médiatique pour permettre au public de discerner le vrai du faux.

Coopération et initiatives internationales : vers une prise de conscience collective

La coopération internationale est cruciale pour lutter contre la désinformation. Des coalitions multi-acteurs peuvent être formées pour partager des informations et élaborer des stratégies efficaces. Des initiatives, comme celle du Brésil dans le cadre du G20, visent justement à fédérer les efforts mondiaux contre ce fléau. La rapporteuse spéciale de l’ONU, Elisa Morgera, appelle également à criminaliser les pratiques de désinformation environnementale, ce qui pourrait constituer un puissant levier pour changer la donne.

Dans un monde où la confiance dans la science est mise à mal, il est impératif de rétablir un consensus autour des faits. Cela nécessite des actions courageuses et une coordination à l’échelle mondiale pour faire face à la menace croissante de la désinformation climatique.

Laissez un commentaire

Aucun commentaire encore
  • Eviter tous messages insultants/offensants pour être publié.