Depuis le lancement d’Origin’Info en mai 2024, censé améliorer la transparence alimentaire, les consommateurs continuent d’être dans l’incertitude quant à la provenance des ingrédients de leurs produits. Une enquête présentée par l’Association nationale de défense des consommateurs et usagers (CLCV) révèle que ce dispositif, qui aurait dû garantir une traçabilité claire, est pour le moins défaillant. Plus de la moitié des produits analysés ne respectent pas la promesse d’une provenance affichée et compréhensible.
Les résultats préoccupants de l’enquête CLCV
Les résultats d’une enquête menée par la CLCV sur 450 produits alimentaires provenant de 11 enseignes alimentaires montrent que 52 % des ingrédients principaux sont accompagnés d’une origine inconnue. Ce constat soulève des interrogations quant à l’efficacité réelle du label Origin’Info. Bien que ce dernier a été conçu comme un outil de transparence, son impact semble dérisoire, puisqu’il n’apparaît que sur 2 des produits évalués.
De plus, parmi les entreprises ayant signé la charte Origin’Info, seulement 10 % affichent effectivement le logo sur leurs produits. Cette situation soulève des questions sur l’engagement véritable des marques à adopter une transparence sur leur approvisionnement. La traçabilité des aliments reste donc très limitée, et la majorité des consommateurs se voient toujours privés d’informations essentielles pour faire un choix éclairé.
Les dérives du marketing sur l’origine des produits
Une autre problématique majeure relevée par la CLCV est le phénomène d’« habillage graphique » des produits. Environ 39 % des aliments analysés affichent des éléments visuels, comme le drapeau français ou des slogans patriotiques, qui sont trompeurs, car l’origine réelle des ingrédients ne correspond pas à cette représentation. Par exemple, un plat préparé peut être étiqueté comme « fabriqué en France » tout en contenant des ingrédients importés tels que des légumes chinois ou de la volaille polonaise.
Les industriels tirent profit de la réglementation européenne qui permet d’afficher une origine française tant que le produit a subi une transformation finale dans le pays. Cela crée un décalage entre la perception du consommateur et la réalité, où la provenance réelle des matières premières est souvent masquée par du marketing astucieux. Ainsi, la lutte pour une souveraineté alimentaire semble compromise tant que la transparence sur les ingrédients n’est pas réellement respectée.
Les enjeux de la publication d’Origin’Info
Lancer Origin’Info sans rendre le logo obligatoire n’a fait qu’encourager les dérives dans l’étiquetage. Les marques, désireuses de ne pas nuire à leur compétitivité, choisissent souvent d’ignorer ce label. En effet, un fabricant peut être moins enclin à révéler l’origine d’un ingrédient importé, cela risquant d’induire les consommateurs en erreur face à une communication visuelle trop séduisante.
Face aux échecs de ce système, la CLCV appelle à un renforcement des exigences réglementaires, en rendant le logo obligatoire sur les emballages. Les consommateurs doivent avoir droit à l’information sur la provenance des ingrédients qu’ils consomment, et cette information doit être facilement accessible pour éviter toute ambiguïté. Le constat est clair : le projet Origin’Info doit être repensé pour assurer une véritable transparence.
Implications pour les consommateurs et l’industrie
La transparence sur la provenance des aliments est devenue une nécessité pour les consommateurs qui souhaitent prendre des décisions éclairées sur leur alimentation. La montée des préoccupations liées à la sécurité alimentaire et à la qualité des produits alimente cette demande. La situation actuelle apparaît donc comme une occasion manquée d’améliorer la lien entre les consommateurs et les producteurs.
Le désengagement des marques vis-à-vis d’Origin’Info a des répercussions non seulement sur les choix des consommateurs, mais également sur la confiance envers les produits alimentaires. Pour rétablir cette confiance, des mécanismes doivent être mis en place pour garantir que les millions de consommateurs aient accès à des informations précises sur la provenance de leurs aliments.
En somme, le succès d’Origin’Info dépendra de l’engagement des marques à jouer le jeu de la transparence et de la pression des consommateurs pour exiger des pratiques éthiques d’étiquetage. Seule une réforme substantielle et l’application stricte de la traçabilité pourront réellement transformer le paysage alimentaire en faveur des consommateurs.