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Pesticides : L’impact du ruissellement sur la biodiversité marine

Les pesticides utilisés dans l’agriculture ont un impact profond et souvent invisible sur nos écosystèmes marins. Grâce à des recherches récentes, il est désormais prouvé que le ruissellement de ces substances chimiques des terres agricoles vers les océans perturbe non seulement la diversité marine, mais aussi la santé des réseaux trophiques aquatiques. Cet article explore les différentes manières dont les pesticides affectent la biodiversité marine à travers leur ruissellement et leur accumulation dans les écosystèmes des eaux côtières.

Les flux de pesticides vers les océans

Le processus par lequel les pesticides passent des champs aux océans commence souvent par le ruissellement lors des pluies. Les études indiquent qu’environ 7,2 % des pesticides appliqués sur les terres agricoles se retrouvent dans les rivières avant d’atteindre les mers. Par conséquent, des dizaines de milliers de tonnes de substances chimiques pénètrent chaque année dans les systèmes aquatiques, affectant la qualité de l’eau et des écosystèmes marins.

La plupart des pesticides se dégradent par le biais de processus biologiques et chimiques, mais une proportion significative persiste dans l’environnement. Par exemple, 10 % des pesticides appliqués restent stockés dans les sédiments où ils peuvent avoir des effets toxiques sur les organismes benthiques. Ces flux invisibles problématiques compromettent la santé des eaux littorales et aggravent les défis auxquels les écosystèmes marins font face.

Effets sur la productivité primaire marine

Une étude menée par des chercheurs de l’Université chinoise des océans a révélé que l’utilisation d’herbicides, comme l’atrazine, impacte directement la productivité primaire des phytoplanctons. Ces organismes, essentiels à la chaîne alimentaire marine, sont affectés même à faibles concentrations de pesticides. Les résultats montrent une chute de plus de 5 % de la productivité dans 25 % des zones étudiées, ce qui témoigne de l’impact considérable de ces substances sur la base de notre écosystème marin.

La modulation de la photosynthèse par des concentrations d’atrazine aussi faibles que 5,1 nmol/L souligne la fragilité de ces systèmes. En outre, lorsque les concentrations dépassent 35 nmol/L, la productivité peut être réduite de 25 %. Ces perturbations non seulement affectent le carbone fixé dans les océans, mais ont également des conséquences en chaîne sur les poissons, crustacés et autres organismes marins qui dépendent du phytoplancton pour leur survie.

Impact sur la biodiversité marine

Les effets néfastes des pesticides ne se limitent pas au phytoplancton. Les invertébrés aquatiques, qui jouent un rôle clé dans l’écosystème des rivières et des lacs, sont également touchés. D’après les recherches du US Geological Survey, ces contaminants réduisent la diversité et la résilience des communautés benthiques, cruciales pour le maintien de la santé écologique des cours d’eau. La baisse de la biodiversité impacte non seulement l’interaction des espèces, mais altère aussi la disponibilité de la nourriture pour d’autres habitants des écosystèmes fluviaux et marins.

Les études récentes montrent également que les pesticides, lorsqu’ils sont combinés avec d’autres polluants tels que les microplastiques, exacerbe la dégradation des espèces marines. Par exemple, des études menées sur les étoiles de mer montrent des malformations et une mortalité accrue chez les individus exposés à des concentrations élevées d’imidaclopride. Cette situation met en péril la régénération naturelle des populations marines, déjà affaiblies en raison de leur déclin massif dans certaines régions.

Les océans comme réceptacles de pollution

Les océans agissent comme des réceptacles pour une grande partie des polluants terrestres, dont les pesticides, qui proviennent principalement du ruissellement agricole. Selon Philip J. Landrigan, plus de 80 % des polluants marins ont une origine terrestre. Cette contamination diffuse fragilise alors non seulement la biodiversité marine, mais pose également des risques pour la santé humaine via la consommation de poissons contaminés.

Les interactions entre les diverses substances polluantes dégradent encore plus les écosystèmes marins. Le changement climatique ajoute une couche de complexité à ce problème, car des pluies plus intenses augmentent le ruissellement agricole. Les cocktails de polluants provenant des terres modifient les équilibres marins et menacent les services écosystémiques dont dépendent les sociétés humaines.

Pour des moyens de réduire l’impact des pesticides sur la biodiversité marine, les agriculteurs peuvent s’orienter vers des pratiques alternatives. Par exemple, la création de jardins potagers biologiques sans pesticides peut contribuer à diminuer les flux de contaminants vers les océans. Vous pouvez en apprendre plus sur la gestion sans pesticides grâce aux ressources suivantes : Comment créer un jardin potager biologique sans pesticides.

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